Histoire du Village d'Allenc

Raconter en quelques lignes l'histoire des allencois c'est forcément oublier des pans entiers du passé qui a forgé le tempérament des hommes et des femmes de cette terre.

De nombreuses études ont été conduites avec sérieux à partir d'archives anciennes, rares ou parfois mal interprétées, en effet les actes transcrits dans une langue non encore codifiée au Moyen Age, se passaient parfois en deux temps, l'acte du coté du vassal et l'acte rédigé par le suzerain. Ce qui donne l'impression d'un éclairage lacunaire avec des points en exergue mais pas forcément majeurs. Presqu'un millénaire nous échappe, de l'époque romaine au cartulaire de 1123 qui mentionne pour la première fois notre église.Quelques mégalithes, quelques pierres monumentales pillées sur un chateau détruit, quelques maisons fortes et des moulins ruinés, de vieux chemins bordés de croix, des mines abandonnées, une grandes quantité de fours, métiers à ferrer, fontaines locales, un bâti agricole en pleine mutation et  un réseau de communication ferroviaire et routier dense plus quelques légendes, voilà les premiers indices à creuser pour découvrir les fondements de notre commune.

Pour comprendre le déroulement du temps, nous aurons besoin de combler les lacunes par de grandes synthèses de l'histoire générale tant sont encore rares les études médiévistes locales, notamment celles qui reconstituent l'histoire de la construction des châteaux et maisons fortes de la Haute Valée du Lot. Des notes bibliographiques permettront au passionné de se mettre dans le fil du courant. Nous attendons de lui un retour si par bonheur il prenait connaissance de quelques nouvelles informations sur des travaux récents.

Allenc  reste comme par le passé une terre traversée par les influences du Midi et les influences Auvergnates. Allenc a été une terre gouvernée pendant des siècles par une élite aristocratique érudite qui a su reproduire son hégémonie au travers des différentes structures étatiques ou en leur absence, que celles-ci soient gabales, romaines, féodales ou royales. La révolution industrielle et agricole, les politiques de développement du territoire ont depuis la Révolution changé le rythme du temps et la densité de la population du territoire. Puisse cet éclairage historique nous permettre de mieux nous comprendre.

 

Dominique MAURIN

Allenc au fil de l'Histoire


Un dolmen situé à La Prade attestent de pratiques cultuelles funéraires d'une civilisation mégalithique très ancienne datée approximativement du 3ème millénaire avant notre ère.

Ce substrat social a lentement évolué par empilement de générations autochtones et émigrées venant le plus souvent des régions indo-européennes dès -1200 av. JC.

Ce fond de peuplement apparaît dès l’Antiquité dans différentes sources sous les déterminants « Ligures » (Tite-Live), Celtes (Strabon), Galates, Gaulois (César, Cicéron).

Il s’enrichit des influences grecques et étrusques: Vers le 7 siècle av. JC, les celtiques commercent déjà avec les grecs, Phocéens (Massalia, Agathé)), et les Etrusques (Lattara) qui installent des comptoirs sur la côte méditerranéenne. Au Vème siècle l’invention de l’amphore permet d’intensifier le trafic. Il se crée de nouveaux besoins. Pour les assouvir, les territoires éloignés accentuent l’exploitation agricole et consolident leur implantation pour pouvoir participer aux échanges : fromage et salaison, minerais, bois, poix et laine, contre vin et céramiques. Des mines de cuivre argentifère sont recensées sur Allenc. Un réseau dense de chemins sillonnent déjà la région pour rejoindre l'axe Régordan nord sud (Nimes-Le Puy), la via Bolena est ouest ( Le Puy - Rodez).

Puis le fond indigène s’imprègne des influences romaines autour de l’arc méditerranéen dès -264 pendant l’épisode des Guerres Puniques. Les conceptions religieuses et les pratiques rituelles sous dépendance de l’ambroisie et de champignons hallucinogènes tournent autour de cultes primitifs : culte de l'eau, des sources et des cours d'eau, culte de la déesse mère de tous les dieux, Cybèle, culte du soleil. Une statue noyée actuellement dans le mur de montée à la tribune de l’église St Pierre évoque ces cultes primitifs. Elle représente une maternité.

L’esclavage est courant et le quidam se trouve dans la dépendance absolue d’un maître tout puissant.
Entre -124 et -121 les Arvernes ( nom à l’origine du mot Auvergne) étendent leur puissance militaire, diplomatique et monétaire jusqu’à Narbonne. Ils subissent des défaites contre l’armée romaine en pleine conquête de la Narbonnaise: Bituitos, fils du roi Luernios est vaincu et capturé. Ce peuple formait une puissante confédération avec plusieurs peuples voisins qui étaient leurs clients ou tributaires dont les Gabali dont est issu le mot Gévaudan. L’entité Arverne est profondément fragilisée et fortement déstabilisée de l'intérieur par les aristocrates terriens qui réclament plus de pouvoir.

A la fin de la guerre des Gaules (-58 av.JC.) les Gabales tombent avec les Arvernes sous l'emprise romaine. Leur territoire dépendra désormais de l'Aquitaine 1ère dirigée par un légat nommé par l'empereur et dont la métropole sera Bourges tandis que le Languedoc constituera la Province Narbonnaise directement dirigée par un consul.

Au cours des deux siècles suivants, la romanité pénètre profondément le tissu social. Témoin, la langue qui se construit à partir du parler celte local et du latin et d’où dérivent de nombreux dialectes. Témoin, l'expression des cultes locaux qui s'ajoutent au culte impérial. En plus modeste que le mausolée de Lanuéjols, le cippe de « Gemina » , conservé au musée de Mende, atteste du culte donné aux morts. Il servait de piédestal à la croix de comte :MD/MEMORIAE/GEMINAE/MD/ANTICUS/MARITUS
Interprété comme suit : aux dieux mânes, en mémoire de Gemina, femme très douce, Anticus son mari.
Témoins, les échanges qui se développent. La poterie sigillée originaire d’Arezzo en Italie est désormais produite sur place à Banassac.
Puis à nouveau déstabilisation sous l'effet de deux nouveaux facteurs : la propagation du christianisme et les invasions « barbares » (cad les étrangers à l’empire)) dès le II siècle.

Le premier évêque de Rome envoie 7 pasteurs aux quatre coins du monde connu. Austremoine, un érudit grec, arrive à St Flour vers 250/251 pour évangéliser l'Aquitaine. Un évêque, St Privat, installe un
évêché à Javols. Il n’en demeure pas moins que les rites païens restent encore très vivaces et que les empereurs sont fortement hostiles au nouveau culte chrétien : clui-ci n'accepte aucun syncrétisme et prêche la non violence. Les empereurs de l'époque ( Gallien et Valérien), menacés par les crises intérieures et les déferlement barbares sur les limes( frontières romaines) préfèrent de beaucoup que la soldatesque sacrifie à Mythra, dieu solaire conquérant et guerrier. Il le faut car les hordes germaniques, qui s'abattent régulièrement sur les frontières de l'empire romain. Elles déferlent à présent par nos contrées moins fortifiées que la vallée du Rhône pour atteindre Rome et le coeur de l'empire. C'est à ce moment là que se situe l'épisode du sacrifice de St Privat pour sauver la population de Javols réfugiée dans la forteresse de Grèzes assiégée par un certain Crocus 259/260. La destruction de Javols et l'inhumation de l'évêque martyre à Mende annonce le futur transfert de l'évêché vers cette cité en pleine expansion. Cet événement, largement repris par Grégoire de Tours, eut certainement beaucoup de résonance dans les mentalités et contribua à développer les pèlerinages et à fortifier le christianisme dans les vallées hautes comme la nôtre.

 Le Gévaudan sous l'empire romain chrétien

A partir de 311 l'édit de Galère sous Constantin met fin aux persécutions et permet la propagation en plein jour du christianisme. L'évêque de Gévaudan est mentionné présent à un concile qui eut lieu en 314 à Arles. Le paganisme recule dans les campagnes et s’accompagne parfois de la destruction d’anciens sanctuaires et de la réutilisation de leurs matériaux.

Lors des travaux de restauration de l’église St Pierre( 1973 à 1987) l’assainissement intérieur a permis de découvrir sous le pavage des fondations très anciennes qui n’ont pas fait l’objet de fouilles approfondies : ancien sanctuaire, église paléochrétienne ?

Dès 406, les invasions reprennent. Les Wisigoths se stabilisent dans notre région en 416 ( prise de Rome en 410 par Alaric). Les Wisigoths, ariens, signent un accord et se soumettent loyalement à l'autorité im-périale au début : les droits et coutumes sont appliqués à chacun selon son origine culturelle : droit ro-main, code d’Euric. Pour le peuple, de l’arrivée des Barbares à 877 environ, c'est le signal de la lente évo-lution de l’esclavage vers la servitude. Les Wisigoths, chrétiens ariens aux moeurs plus fraternelles, tem-père les relations sociales. Ce qui a pour conséquence de séduire les masses. Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, conscient de la perception négative que laisse l’aristocrate romain souvent dépravé et es-clavagiste, cherchera à endiguer, et résister à ce double danger politique et hérétique. Hélas les puis-santes familles gallo-romaines au pouvoir ne sont pas soutenues par l'empereur Julius Nepos lui-même en graves difficultés. Il négocie l'abandon de l'Auvergne en 474 au roi wisigoth Euric, Sidoine est interné à Llivia. L'empire romain s'effondre peu après en 476.

La domination des Goths sera de courte durée. En 507, le pays tombe rapidement aux mains du roi des Francs, Chlodowich ou Chlodovechus (Clovis), qui signifie "célèbre par ses combats" après la victoire de Vouillé. Le Languedoc seul restera arien et wisigoth jusqu’en 1229, date du traité de Paris.

Pendant 300 ans, le Gévaudan reste sous domination mérovingienne, c'est à dire sous l'influence de la culture franque, romaine et du catholicisme d’état instauré par le baptême de Clovis à Reims. Désormais le roi nomme les évêques et quand il ne retient pas une proposition du clergé, l'évêché reste sans tête. Cette intrusion a pour conséquence la création de monastères ou se réfugient les hommes de foi et de recentrer les fidèles dans leur paroisse autour de leur curé.

De leur coté, les grands féodaux montrent par les armes leurs appétits de terres et d’honneurs. Ils guer-royent sans cesse contre de nouveaux envahisseurs ou pilleurs de monastères.

Dès 987 la renaissance carolingienne se heurte à ces grands feudataires . La réforme administrative de Charlemagne découpe l’empire en comtés et vigueries (baronnie) sous l’autorité d’un comte ou d’un vicomte et de viguiers (barons ). Allenc dépend du vicomté de Gévaudan. On dénombre 8 vigueries : Banassac, Grèzes, Miliac (près de langogne), Valdonnez (le haut Lot), Chassezac, Vallée du Tarn, Dèze et la vallée longue, Vallée-Française.

Après le partage de l’empire ces comtés glissent vers le système féodal. Les grands feudataires locaux renforcent leur patrimoine et leur hégémonie par mariage ou acquisitions, les charges deviennent héréditaires. C’est par multiples ces transactions que les chevaliers, barons et vicomte en viennent à rendre hommage au roi d’Aragon en 1172.

Parmi ces seigneurs, pointons la lignée des chevaliers d’Apchier devenus barons au retour des croisades( 1096). La dernière descendante, Alix d’Apchier porte la baronnie d’Apchier à un Guérin de Randon vers 1150, 1165. Ils ont deux fils, Odilon et Guérin. Puis un Garin d’Apchier, est mentionné seigneur du Tournel au XII siècle, grand amateur de poésie et défenseur des troubadours (voir les travaux de S.STRONKI).

C’est ainsi que les terres d’Allenc sont partagées entre les seigneurs de Randon et du Tournel, frères ou cousins, issus des Randon d’Apchier. Ils y entretiennent une forteresse . Les barons sécurisent les axes muletiers et prélèvent des droits en échange de cette protection. Un réseau dense de maisons fortes aux mains de chevaliers relaie l’autorité du baron : La Prade, Larzalier, Le Mas Renouerd, Le Villaret.

Autre fait important pour comprendre ce que vit la population en cette rude époque : l’âpre lutte que menèrent au XII et XIII siècles les évêques comtes de Mende contre le roi d’Aragon, puis contre quelques puissants barons locaux au profit de l’autorité de l’Eglise et du pouvoir royal. En 1161, la bulle d’or, (dite bulle d’Orem) confère au comte évêque du Gévaudan en son fief les pouvoirs du roi Louis VII en matière de police, de fiscalité et de justice, même si l’ hommage va toujours au roi d’Aragon. Cette lente reconquête s’appuie sur un grand mouvement de régulation sociale « La paix de Dieu » . Fief après fief, les points névralgiques de la vallée du Lot sont repris ou fortifiés. Si bien qu’en 1258, le Gé-vaudan entre complètement sous la suzeraineté de Phillipe Auguste. Autre élément important, les croi-sades. Elles coutent chers aux seigneurs : l’entretien d’une église et d’un curé deviennent pesants mais indispensables pour contenir la paix sociale. Souvent, ceux-ci préfèrent en faire don à l’Eglise : cela sauve leur âme et rééquilibre leur tésorerie. Pour faire le point sur le patrimoine de l’Eglise, le pape Calixte II commande des cartulaires aux ordres qui dépendent directement de lui : Clunisiens, Victorins et Hospitaliers. Sur le cartulaire du chapitre de Mende en 1123 figure l’église St Pierre d’Allenc, son prieuré , sa maison claustrale et ses terres. Des moines du chapitre y assurent le service religieux.

En 1237, le chapitre de Mende abandonne la vie régulière et désigne un curé et un vicaire ainsi que des chapelains à Allenc.
A la même époque, la servitude se transforme peu à peu en servage : le corps du serf ne dépend plus de son seigneur, mais seulement une partie de son travail et de ses revenus ; il n'est plus qu'un tributaire d’un noble ou d’un clerc : services d’ost, dîme, corvées, redevances sur les moulins et fours banaux...

Enfin, l’autarcie relative de ces siècles féodaux a renforcé la langue locale répandue par les trouba-dours.
Donc en résumé jusqu’à la Révolution, les allencois sont tributaires selon les terres qu’ils exploitent (ou manses) soit des seigneurs du Tournel et de Randon, soit directement du comte-évêque, avec toutes les nuances de conditions et de traitements que cela entraine (Pour plus de détails sur la répartition des pouvoirs et des villages d’Allenc, voir les travaux de l’abbé Remize). Cette triple conjoncture fera d’Allenc une seigneurie plus importante que les autres :8 barons et 12 chevaliers siègent aux Etats du Gévaudan dont un chevalier pour Allenc seul.

Au XIV siècle le pape Urbain V, Guillaume de Grimoard issu de la petite baronnie de Montferrand au sud de Mende, dispense largesses et soins à l’entretien de l ‘Eglise du Gévaudan. Peut-être peut-on lui attribué l’agrandissement de la nef de l’église d’Allenc, Mende en tout cas voit ériger sa magnifique cathédrale dédiée à Marie.

La lutte entre Armagnacs et Bourguignons et les exactions des Grandes Compagnies de Routiers touchent notre territoire ( mort de Du Guesclin à Châteauneuf de Randon), la peste décime un quart de la population et le Grand Schisme divise les catholiques entre Gallicans et Ultramontins.

Suit un XV siècle relativement stable et favorable au développement économique : la production drapière de Mende en plein essor dynamise l’arrière pays fournisseur de laine. Les esprits se calment : les conciles de Constance et de Bâle promulguent une série de canons pour affermir l’autorité du pape et amorcer une profonde réforme spirituelle nécessaire en ces temps de simonie, de sorcellerie, d’ésotérisme et d’ occultisme. ( Jean Gerson, Jacques d’Amboise, Jean Standonk en sont les maitres d’oeuvre). Quelques éléments architecturaux rappellent cette prospérité, on parlera plus tard de « Renaissance » en général. L’église St Pierre se pare d’un mur clocher assez proche de l’actuel et de nouvelles chapelles et le Couderc, ou foirail du village, d’un calvaire monumental de prestige formé de 3 croix en pierre ( la croix fleuronnée conservée dans l’église pourrait être celle d’un des fûts).

 Trop beau pour que cela dure : au XVI siècle la guerre civile est à nos portes.

Avec la réforme calviniste, le Gévaudan est coupé entre catholiques et protestants.
Le versant nord du Mt Lozère et la haute vallée du Lot conservent la foi catholique.

C’est une guerre d’escarmouches sanglantes, violentes, qui demande beaucoup d’argent aux deux partis, les Calvinistes contre les Ligueurs. On prend une ville ou on l’assiège, on demande une rançon ou on la détruit.

Antoine de Cardaillac, héritier du Peyre et protestant, est invité aux noces du futur Henri IV à Paris le jour de la St Barthélémy, 25 août 1578 . Il y est assassiné. Mathieu Merle devient le régisseur de la forteresse et de là il va pouvoir venger son seigneur et terroriser le comté. 1562 il demande rançon pour Mende assiégée, 1570 il occupe le château d’Allenc repris après un long siège par le seigneur de Randon. L’église est en partie détruite ainsi que le calvaire du Couderc restauré au XIXème. 1579 mis à sac de la cathédrale de Mende. Pour éviter la reprise de la forteresse d’Allenc, les Ligueurs ordonnent la destruction du château . Les villageois, usés par ces violences, en profitent pour récupérer les matériaux qu’on retrouve dans certaines maisons en granit du village. Pour fidélité rendue à la Ligue, la seigneurie d’Allenc prend le titre de baronnie et obtient du roi son droit d’entrée aux états généraux du Languedoc en 1583.
Par la suite, la reconstruction de l’église est baclée.

1607- 1610: le mur sud est remonté avec un dénivelé inférieur de 50cm par rapport au mur nord. La voute menace de s’effondrer. » N’ayant plus de cure, le curé d’Allenc de 1626 à 1661, Antoine Richard, habite au Mas Renouard (dans la moitié de la maison Arzalier qu’il fit rebâtir , sur la porte d’entrée on lit « impleat dominus domum hanc benedictione A.Richard parocho 1628 », que le Seigneur remplisse cette maison de ses bénédictions) . Son neveu et successeur de 1664 à 1700 , un autre Antoine Richard, fit de même. » ( AB.Remize) La Guerre de religion a aussi laissé des cicatrices profondes dans la mémoire des habitants. La motivation et la ferveur religieuse sont entamées. La population est lassée et montre sa désaffection au projet de reconstruction.

Durant le XVIII siècle, le retour à l’unité et à la reconquête des esprits devient la priorité de La Réforme catholique.
En même temps, l’ordre du clergé défend âprement son indépendance fiscale face aux besoins énormes du Trésor Royal qui doit financer les « guerres de Successions » menées contre l’Autriche et l’Espagne. Mais il perd peu à peu du terrain et les subsides sont consacrés au plus pressé. La réforme touche essentiellement le caritatif.

Création des congrégations à Mende sous l’impulsion de St Vincent de Paul et de Bérulle.
En cas de mauvaises récoltes, le chapitre de Mende accepte de réduire les redevances sur Allenc et donne une aumône au curé pour aider les pauvres et les malades de la paroisse. Sur un document sans date mais du XVII s, on dénombre sur la paroisse d’Allenc 245 très pauvres et 236 à aider temporairement. (archives dép.) 

        • 1709: reconstruction de la façade et adjonction d’une cure entre les deux contreforts sud là où il n’y a pas de fenêtre en plein cintre.
        • Arrêt des travaux pendant la peste.
        • 1721: Jean Rocheton peint les fresques du tétramorphe sur les voutes de l’église.
        • 1729: effondrement de la cure
        • 1776: remplacement de la cure par le bâtiment actuel. ( date sur la porte d’entrée.)
        • 1777: construction de la sacristie.
        • La population n’entend plus se mêler des travaux et attend de l’évêché la collecte des fonds pour la consolidation de l’ensemble.
        • 1789,Fin de l’Ancien Régime 

 la Révolution est en marche...

Le village semble d’abord adhérer à la dynamique révolutionnaire. La masse souffre du système féodal resté en vigueur et des seigneurs gourmands comme l’état. La pression fiscale est à son comble et les récoltes mauvaises. Des nobles, des bourgeois mais aussi des prêtres, proches des difficultés quotidiennes de la population et ouverts aux Lumières, dénoncent le pouvoir politique et les privilèges de l’évêque du Gévaudan. Dans l’ensemble, le Gévaudan porte aux Etats Généraux de 1789 des représentants modérés, protestants ou catholiques soucieux d’abolir les privilèges des nobles et des clercs.
Dès après le 14 juillet, la Grande Peur terrifie les populations .

La tension monte...

Les choses se dégradent surtout avec la mise en place de la Constitution Civile du Clergé. Grave erreur stratégique pour le Gévaudan devenu département de la Lozère. Éloignés, les idéaux et le souffle révolutionnaire des parisiens n’évaluent pas les conséquences nées de la précipitation de cette réforme.

La dynamique révolutionnaire positive fait place au retour de la dynamique des guerres de religion encore vivantes dans les mémoires : on frôle la guerre civile. Seulement 6% des prêtres prêtent serment. La mobilisation populaire dans les terres catholiques du Nord de la Lozère fait bloc autour des réfractaires. En effet, leur protection et défense recoupent celle des intérêts familiaux dont ils sont issus, nombreux sont les prêtres et les religieuses sortis de nos villages .Aussi, lorsque les autorités décident d’imposer par la force la Constitution Civile, cela met le feu aux poudres. La république réagit rapidement et fait revenir l’ordre sans ménagement.

Simultanément attaquée par la coalition des monarchies européennes, la Convention impose une levée de 300 000 hommes pour combattre la réaction et préserver la république. Le Comité de Salut Public prescrit la récupération des métaux sur tous les biens nationaux. L’église est pillée de son argenterie. Les cloches disqparaissent… fondues pour les canons de l’armée révolutionnaire. Pour calmer la population, on fera courir le bruit qu’elles auraient été cachées dans le lit de la rivière.

Le 6 juin 1794, Allenc, devenu un des 8 cantons du district de Mende, lève une garde nationale, soit 300 gardes pour conjurer les troubles. C’est dire le niveau de tension qui règne. Jean Peytavin, cultivateur et maire d’Allenc, fera partie du Comité de surveillance du district. Il défendra le curé, Augustin VIDAL qu’il fit sortir de prison. Réincarcéré, les femmes du village se mobilisèrent à nouveau pour sa remise en liberté.(voir Abbé Remize)

La révolution s’opère à tous les niveaux. Les biens d’Eglise deviennent Biens Nationaux et sont vendus au même titre que les biens des seigneurs aux bons citoyens d’Allenc.( détails chez Remize)

Fin XVIII et début XIX siècles, les moulins banaux sont rachetés ( Moulin de La grave) et des meuniers édifient leur propre moulin sur les petits cours d’eau de l’Alignet et de La Valette. Le moulin dit du « Ceset » au Mas Planty a été très important et fournissait en farine les trois boulangers d’Allenc qui cuisaient pour plus de 1300 habitants vers les années 1800. D’autres moins importants écrasaient la farine pour les animaux à l’aide d’une meule de pierre en tronc de cône qui tournait à l’intérieur d’une cuve : orge et noix. C’était le « Moulin de L’ase ou du Tiret » en souvenir de l’âne qui tirait les fardeaux.

Enfin, la révolution industrielle pénètre nos villages avec la ligne de chemin de fer du « Translozérien »
1884/1902 qui relie le Monastier à La Bastide St Laurent . (voir réf bibliographique)

Bouleversement des pratiques agricoles et des paysages ruraux : développement de la filière « Bois » . Dans la mentalité du montagnard de cette époque, la forêt est un espace non exploité, refuge, qui plus est, d’animaux nuisibles (loup). La défricher, empêcher les arbres de repousser, convertir cet espace inutile en prairies qui permettront d’augmenter le cheptel, c’est oeuvrer pour l’économie et même la civilisation. On sait à quelle désertification des massifs cette vision des choses a conduit et combien le reboisement qui ne pouvait être rentable que globalement et à long terme a été difficile à faire accepter par les populations locales.( In Situ, revue du Patrimoine n°8/2007)

Changement de cheptel : les ovins régressent au profit des bovins grâce à l’acheminement plus rapide des dérivés des produits laitiers et en raison du reboisement massif.

 Reprise de l’extraction minière 

La société métallurgique et minière des Cévennes a été fondée en 1894 sous forme d’une société anonyme au capital de 600.000 francs en 1.200 actions de 500 francs par M. Eugène Sénéchal de la Grange, banquier à Paris. Les co-fondateurs de l’entreprise sont Robert Forget[ (Paris), Joseph Chapat (Allenc, Lozère) et Vincent Garrigou (Allenc), chacun d’eux obtenant 5.000 parts de fondateur. A l’origine il s’agissait pour la société d’exploiter les gisements de plomb d’Allenc pour lesquels la société obtiendra une concession en 1898. La ligne n’étant pas achevée, cet exploitant se retire après condamnationpar l’état pour non valorisation du sous-sol.( ° Minerais de plomb argentifère. Recherches d'Allenc (Lozère). Gisements dans le lias, les dolomies infraliasiques et le granite. Galerie Eugénie au Mas Planty, Galerie Jeanne. La Galène est à larges facettes et de qualité,Plomb Argent 65,30 p. 100.
Bouleversement démographique : l’exode rural massif qui vide Allenc : 1710 habitants en 1836, avec un pic négatif à 232 habitants en 2009 point de départ d’une très faible croissance.

Enfin, les écoles communales sont construites dans nos villages, les filles iront chez les soeurs au couvent de la Croix de Comte.
« 14/18 , 39/45, guerre d’Algérie : nous sommes en Lozère, la ligne de front est à plusieurs centaines de kilomètres ! mais on retrouve dans l’église St Pierre la longue liste des morts pour la France gravée sur une plaque commémorative. Quelques épisodes en retracent le souvenir : après l'année 1916 où de réelles difficultés d'approvision-nement en munitions se font sentir, l'arrivée de Pétain a permis de remettre les choses en ordre. Consé-quence à la fin du conflit, la France se retrouve avec des quantités de munitions considérables. Muni-tions produites par les usines françaises, mais aussi importées par les alliés. Il y a également les stocks confisqués à l'armée allemande. L'Etat français cherche donc des sites pour pouvoir stocker toutes ces munitions, de la façon la plus simple et la moins onéreuse possible, qui pour beaucoup ne sont pas "re-traitables", sauf à un coût insupportable. En 1922 la Poudrerie Nationale de Toulouse propose le site de Charpal, pour la construction d’un barrage. Une bifurcation à la ligne du translozérien d’une quinzaine de kilomètres est construite entre Larzalier et la forêt domaniale de Charpal..Les travaux durent de 1925 à 1934, et emploient jusqu’à 2000 hommes. Les hivers sont rudes dans cette région, la chaux durcit et il faut la concasser pour l’utiliser, ce qui donnera des maçonneries de piètre qualité. Les travaux sont abandonnés par sécurité. Cette voie ferrée, disparue aujourd’hui, culminait à 1388m, pour arriver au niveau du barrage à 1330m. Elle sera démontée en 1938. (www.memoire-et-fortifications.fr)

Bibliographie...cliquez ICI

Dominique MAURIN

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