Découverte de l'Eglise d'Allenc

 Attention !!! Article non définitif, en cours de modificaion...

L’Eglise d’Allenc  est mentionnée pour la première fois en 1123 comme les églises de la Rouvière et de Brenoux dans une bulle du Pape Calixte II qui en confirme la possession au chapitre Cathédral  de Mende. 

Dédiée à Saint Pierre, elle présente la particularité d’être la seule parmi les trois églises du Gévaudan à plan tréflé à avoir conservé les trois absidioles de son chœur. Son plan est d’une simplicité remarquable avec une nef unique de trois travées presque carrées voutée en berceau plein cintre. 

Des chapiteaux singuliers, dont un exemplaire seulement est encore en place et un autre réemployé dans la chaire, couronnaient à l’origine les colonnes jumelées de la nef.  Endommagées lors des guerres de Religion au XVIème siècle, elle est en partie reconstruite en 1607. 

Sur la façade actuelle née de plusieurs campagnes de restaurations s’échelonnant du XVème au XVIIème siècle, sont nettement visibles des marques de tâcherons.  

Enfin, le clocher-mur actuel qui la couronne porte la date de 1828.

 

Commentaire pour la visite de l’église d’ALLENC.

Habitantes d’Allenc, nous  voulions retracer la vie de notre village .

Ce bâtiment que nous visitons en a été un des témoins les plus bavards et par son architecture et par sa fonction, l’Eglise en tant qu’institution ayant toujours eu le souci de conserver ses archives.

Nous vous livrons  nos  commentaires en toute simplicité mais sachant aussi qu’ils peuvent contenir quelques oublis ou méconnaissances .

Anne Sebelin, architecte  et Dominique Maurin, cirier d’art retraité, le 4 août 2013.

Dans l’église nous découvrons, noyée dans un mur pour effacer le souvenir des cultes celtes une statuette féminine : déesse de la fécondité? Cybèle ou Mithra selon les cultures latine ou celte (sous l’escalier qui conduit à la tribune.)

 


Deprecated: Required parameter $options follows optional parameter $list in /homepages/42/d586253085/htdocs/modules/mod_zentools2/includes/zentools2helper.php on line 106

Allenc est–il un vieux foyer de peuplement et donc de culte ?

Est ce que l’église pourrait être construite sur des fondations d’un culte païen?

On peut penser que oui

eglise3Tout autour du village et des villages environnants on retrouve des traces des civilisations mégalithiques;La Prade et son dolmen, les pierres plantées ou menhirs.Elles attestent de voies très anciennes des peuplades Ibères et après l’installation des celtes, des Celto Ibères.Ici, la peuplade portait le nom de GABALES alliés des très puissants ARVERNES localisés sur Clermont Ferrand.Le cippe de Gemina, socle de la croix de Comte, aujourd’hui à Mende, rappelle la présence de l’empire romain.Le Gévaudan fait partie du monde romain et se situe en Aquitaine première. Celle-ci est directement administrée par un légat romain alors que la Narbonnaise est autonome et choisit son proconsul.

Le culte païen est entièrement consacré aux représentants de Rome et à ses dieux.

 - 58 à 312: lente intégration des Gabales et des Arvernes à la Provincia ROMANA.

Des siècles s’écoulent avant de trouver la première trace écrite de la présence de l’église au XII s.

Rappelons-nous des débuts de la chrétienté sous la domination romaine. Ils ne furent pas toujours facile,

En effet, le pays Gabale est christianisé dès le II siècle. Mais nous n’avons pas, là non plus, de traces tangibles sur le site.

Le christianisme se répand par le milieu hellénique, Rome envoie AUSTREMOINE prêcher en Auvergne.

Début difficile parce que le christianisme s’adresse à tous les hommes, n’admet aucun syncrétisme. Il semble dès le départ très structuré: un évêque confère le sacerdoce à des prêtres et le service des frères à des diacres.

Les chrétiens sont mal vus contrairement aux juifs qui ne représentaient pas de danger pour la romanité. C’était une religion ethnique sans volonté d’apostolat très marqué envers l’étranger.

L’épisode de St Privat lors de l’intrusion des Alamans  avec leur roi Chrocus (282?) À Mende illustre l’avancée de la religion en Gévaudan. Seul martyre connu.

La religion chrétienne devient  seulement visible à partir du IV siècle qui  marque le début de l’empire romain chrétien.

L’Edit de Galère en 311 au temps de Constantin, met fin aux persécutions. Une liste conciliaire signale déjà Javols (Anderitum) comme évêché en 314 au concile d’Arles.

C’est un siècle de paix: les villes se réduisent et les campagnes se peuplent de villae.

La villa Hallencus apparaît dans les textes.

Au Vèmes, les nouveaux arrivants, les Wisigoths, chrétiens mais ariens, envahissent le pays.

En deux décennies, ils atteignent la Méditerranée.

Les chrétiens romains s’étaient amollis dans les plaisirs et les Germains, occupant la province, passaient pour plus religieux et fraternels ( Code d’Euric appliqué aux goths jusqu’en 654 par le principe de la personnalité des lois et code romain pour les catholiques ). Certaines élites catholiques locales prirent la défense des Goths.

L’Eglise, au début, n’admit pas cette rupture avec le patriotisme romain. Cette résistance est illustrée  par Sidoine Apollinaire, Evêque de Clermont en 470. Sidoine fomente et organise la résistance des Arvernes contre l’hégémonie des Wisigoths , nouvel oppresseur de la foi. Mais les Arvernes ne sont pas soutenus par l’empereur romain Julius Nepos (C’est le moment de la crise de la fin de la dynastie théodosienne. ). L’empereur négocie l’abandon de l’Auvergne en 474. En 475, l’évêque Epiphane de Pavie conclut à Toulouse l’accord par lequel l’Auvergne est cédée au roi wisigoth. Sidoine est interné à Llivia puis rejoint Bordeaux et Clermont où il mourut en 486.

C’est l’écroulement de l’Empire d’occident (476), et en même temps  l’invasion franque. Les Goths résistent quelques temps. Alaric II abdique ses droits sur la contrée à Clovis: après la bataille de Vouillé 507, l’Aquitaine devient franque.

Pendant 300ans le Gévaudan reste sous domination mérovingienne  507 à 800, et sous l’influence de la culture romaine et du catholicisme.

Par son baptême, Clovis marque la première intervention de l’état dans les affaires du clergé.

Puis c’est l’émiettement et l’affaiblissement du pouvoir mérovingien.

En 732, les invasions sarrasines troublent le Languedoc. Charlemagne rétablit l’ordre et la paix et s’adjoint le Languedoc.

La renaissance carolingienne est omniprésente mais pour peu de temps :

Organisation du Gévaudan, appelé Pagus Gabalitanus, en 8 vigueries qui deviendront des baronnies sous la féodalité.

Banassac qui frappe monnaie royale, Grèzes, Milhac (près de Langogne), Valdonnez, Chassezac, Vallée du Tarn, Vallée Française, Dèze et sa vallée longue et Peyre.

Emiettement du pouvoir politique aux  IX et X siècles et naissance du système féodal.

En 843, partages successoraux de l’empire : Charles le Gros règne sur la  Gothie et par le fait sur le Gévaudan.

De nouvelles invasions sarrasines permettent aux comtes locaux de monnayer leur fidélité au roi en échange de leur émancipation et de l’hérédité de leur fief. Plusieurs comtés sont regroupés sous l’autorité d’un prince. Celui du Gévaudan compte 8 baronnies, des chevaliers habitant châteaux à l’entrée de chaque vallon et des seigneurs établis en maisons fortes. Allenc est partagé entre les terres comtales, les barons du Tournel et de Châteauneuf  eux-mêmes vassaux des comtes de Toulouse ou de Barcelone Aragon,et quelques alleutiers indépendants signant des contrats de complants avec les uns ou les autres pour assurer leur défense contre denrées. La vie économique quitte la ville et des villages naissent autour d’une église défendue par le seigneur local.

Période de grand défrichement autour de la villa de Hellenco.

Marvejols est évêché depuis le II s. Mende depuis 981.

C’est le début de l’Art préroman (en parallèle avec les chansons de gestes): 800 à 1050 en Gévaudan:

Quelques traces de  fondations très larges ont été retrouvées lors de la restauration des années 1967.

 

Elle est mentionnée en 1123 comme propriété du chapitre cathédrale de Mende.( cartulaire de Calixte II).

A quoi ressemblait-elle ?

L’église devait sans doute se conformer aux règles d’architecture de l’époque: toiture basse avec une voute à hauteur de l’abside actuelle et de l’arc doubleau triomphal, fenêtres étroites, murs nus, médiocrité des dimensions: une nef en un vaisseau unique de 12m de long, soit 1 travée et le chevet.

Des colonnes géminées (une seule corbeille pour deux colonnes) surmontées de chapiteaux sculptés supportent la voûte. Les corbeilles de 2 chapiteaux représentent un visage humain accosté de deux roses et supporté par des feuilles, aux angles, deux très grandes feuilles forment crochet.

Un autre  est chargé de deux animaux paraissant s’affronter, difficiles à déterminer, séparés par un embryon de fleuron et posés sur des feuilles.

Un chevet à plan tréflé CAD 3 absides en cul de four pour l’acoustique, et à 5 pans extérieurs, un clocher sans doute modeste reposant sur l’arc triomphal. Seules traces visibles attestant sa présence, le contrefort nord et la dissymétrie de la fenêtre de la chapelle St Pierre.

Un cloître attenant et un prieuré ou maison claustrale pour les chanoines témoignent de la vie régulière en ce lieu.

 

Qui est à l’origine des travaux d’édification?

Les évêques successifs de Mende ont tous eu une volonté commun, celle d’agrandir leur fief face à leurs vassaux afin d’établir leur primatie sur les juridictions. La première église romane est donc antérieure au XII S. et relève de la juridiction de Mende.

Entre 1153 et 1187 il se trouve que le comte du Gévaudan, évêque de Mende, Aldebert III  est aussi seigneur du Tournel. Très puissante, la seigneurie du Tournel comprend 5 mandements: Chapieu ( De Capio) au dessus de Mende, Le Tournel avec dans le Valdonnez Le Boy, Montialoux, Montmirat et Montfort.

La première démarche que fait ce puissant est d’aller rendre hommage au roi de France Louis VII pour lui assurer sa fidélité et son obéissance, il reçoit en retour en 1161 la Bulle d’Or qui lui confère puissance royale en son fief. Mende se ceint d’un rempart, et Allenc se développe.

et pourquoi des moines?

Sous le système féodal la simonie est si forte en milieu séculier que les fondements du catholicisme se diluent. Ils survivent grâce à l’action des moines et des abbayes.

Des moines selon la règle de St Augustin occupent ici l’église.

Allenc est proche des route de St Jacques. Les pèlerinages sont nombreux au X S. Ils contribuent puissamment à donner aux hommes cloisonnés dans leur seigneurie l’impression d’appartenir à une communauté universelle, à une chrétienté. : Les chanoines développent les églises de pèlerinages et contrôlent les routes. Quant aux saints, la paganisme est encore vivant. ce n’est pas de les imiter qui compte mais de posséder leurs reliques qui attirent les foules. La  crédulité de cette foi primitive se fonde sur le merveilleux Anges, monstres etc…

Trace sur l’autel du trou où se plaçait la relique.

Importants travaux d’agrandissement au XIII s.

Nature des travaux :

Art gothique naissant: essentiellement marial et joyeux, beauté de l’art statuaire.

Surélévation de la voute, allongement de la nef aux dimensions actuelles: 3 travées.

«’est une construction provençale, elle est voutée en berceau avec doubleaux rectangulaires. Les sommiers viennent poser sur de larges chapiteaux dont le tailloir se prolonge en cordon à la naissance de la voûte. Les supports sont des colonnes jumelles partant de fond et à demi engagées...Entre les piles adossées qui en reçoivent les sommiers nous trouvons de grands arcs de décharge en plein cintre formant arcature aveugle et rompant avec la monotonie du grand mur nu du côté nord.» (Archives Ab. Remise))

Mise en place de la tribune.

Pourquoi de tels agrandissements?

Sous la pression démographique, certainement mais aussi pour des raisons politiques.

La réforme grégorienne, conduite par Grégoire VII (1073-1088), commence à produire ses effets au début du XIII s : Interdiction de simonie, retrait de la fonction sacrée pour les évêques qui pêchent contre la chasteté, défense d’aliéner les biens de l’église. Instauration du légat du pape chargé de faire appliquer la réforme.

En conséquence,  le clergé séculier, délivré de l’emprise des laïcs, retrouve son prestige auprès du peuple et s’organise comme le clergé régulier en chapitre avec des chanoines.

S’ouvre alors une âpre lutte d’influence entre les séculiers et les réguliers, bras droit de la réforme. La bulle du pape Urbain II place désormais sur le même rang d’égalité les vocations sacerdotale et monastique.

 En 1237, sous l’épiscopat d’Etienne I de Brioude, lequel est en conflit permanent avec les barons (1223-1247), le chapitre de Mende abandonne la vie régulière pour prendre la vie séculière.( bulle du pape Grégoire IX).

Le chapitre de Mende désigne alors un curé et un vicaire à Allenc ainsi que des chapelains et fait procéder aux travaux d’agrandissement du bâtiment.

Puis le Gévaudan entre complètement sous la suzeraineté du roi de France, St Louis, en 1258, du temps de l’évêque Odilon de Mercoeur (1247-1274). Il est alors partagé entre 3 domaines: les terres du roi, ou terres communes, que se partagent les barons de Randon et du Tournel ainsi que l’entretien, la défense du château d’Allenc et de son église et celles du comte évêque.

Juridictions de la paroisse d’Allenc:

    • Sous la juridiction du Baron du Tournel; Seigneurie du Villaret avec le Mazas, le Mas Planty, l’Altaret et les Salelles
    • Celle du  comte évêque: Le Jandric, Laubert, Villesoule .
    • Celle du seigneur de Chateauneuf ( branche Remèze), baronnie de Randon qui

devient plus importantes que celle du Tournel: Allenc,  son château, son église et

    • les mas , le Mas, le Puech et le Mas Pouget, Le Mas Renouard, l’Arzalier et le

château de La Prade, Veyrines.

    • Blason de Randon: chef gueules fond or à 3 pals azur.
    • Blason du Tournel: fond gueules et pointe d’argent.

 

L’église au XIV siècle s’embellit.

Quelles modifications ?

L’art gothique statuaire est dit «étique»: les thèmes en sont la passion et la compassion, la Vierge de Pitié et le St Sépulcre, les chemins de croix, les danses macabres.

Travaux d’embellissement :

    • Un portail de façade mouluré sur pieds octogonaux qui  manquera d’élévation en raison de la voute de la tribune.
    • Création de 2 chapelles: 1366 St Blaise et St Antoine sur la tribune. Mais il ne reste rien de leur édification.

Qu’est ce qui déclenche cette volonté de prestige alors que le reste du royaume traverse une crise sans précédent ?

Nous sommes sous Philippe le Bel qui ruine l’harmonie avec Rome dans  l’affaire des Templiers et le conflit avec le pape. Le royaume subit de terribles fléaux: début de la guerre de Cent Ans, guerres civiles entre Armagnacs et Bourguignons, compagnies de routiers qui traversent le Gévaudan, les famines, les pestes répétées et le schisme qui enlève la sérénité au croyant.

En ces temps troubles, un acte de paréage conclu en 1307 entre l’évêque Guillaume Durand et Philippe le Bel fixe l’organisation administrative du Gévaudan jusqu’à la Révolution et donne plein pouvoir à l’évêque.

Les comtes évêques sont responsables de l’avenir du Gévaudan: Albert Lordet de Chirac 1331-1361, Guillaume IV Durand, son neveu, 1362-1366,  Pierre II d’Aigrefeuille 1366-1368, Urbain V 1368-1376 et Pons de La Garde 1376-1387 qui défendra la ville de Mende contre les intrusions anglaises et les sacs des Grandes Compagnies.

Retenons surtout un certain Guillaume de Grimoard, alias Urbain V.

Depuis 1316 les papes résident en Avignon et  non à Rome en proie aux conflits temporels.

Issu de la petite baronnie de Montferrand alliée à Mende, le pape gévaudanais contrôle directement l’évêché de Mende de 1368 à 1370.

Il fait édifier la cathédrale de Mende et fournit les subsides nécessaires à la revitalisation des églises locales.

De plus Allenc joue un rôle des plus importants. Le village se situe sur la route très empruntée du Vivarais qui reliait Rodez au Puy. Les 2 seigneurs percevaient les droits d’entrée des caravanes de muletiers en échange de leur sécurité.

D’où l’importance du village et de son château appuyé par la tour Bataille.

Cette fonction de sécurité est reconnue et dès 1360, le seigneur d’Allenc est membre des états du Gévaudan.

 

L’église au XV siècle : embellissement.

 

Travaux engagés :

Nous sommes au début de la Renaissance du temps de Raymond de Châteauneuf, baron d’Allenc.

    • Edification du mur clocher à 6 baies, 4 pour les cloches et 2 pour les clochetons.
    • Linteau de la porte de la tribune.
    • Edifications de plusieurs chapelles:
    • la chapelle St Pierre au nord, où fut inhumé le baron de Chateauneuf. Sa pierre

tombale fut déplacée lors de la dernière restauration et placée à l’entrée de la nef.

    • la chapelle Notre Dame ( louange à Marie) qui n’eut plus de chapelain au XVII s et servit alors de sépultures aux curés d’Allenc.
    • La chapelle de la Ste Trinité et la chapelle St  Antoine.
    • Croix à double face.

Qu'est ce qui permet ces travaux ?

Le retour à la paix et la découverte des Indes (de l’Amérique) qui renfloue l’économie des royautés catholiques.

 

Au XVI s. destruction de l’église en 1580.

Avec la réforme calviniste, le Gévaudan est coupé entre catholiques et protestants.

Le versant nord du Mt Lozère et la haute vallée du Lot conservent la foi catholique.

 C’est une guerre d’escarmouches sanglantes, violentes, qui demandent beaucoup d’argent aux deux partis, les calvinistes contre les ligueurs. On prend une ville ou on l’assiège, on demande une rançon ou on la détruit.

Antoine de Cardaillac, héritier du Peyre et protestant, est invité aux noces du futur Henri IV à Paris le jour de la St Barthélémy, 25 août 1578. Mais hélas, il est assassiné pendant le massacre.

Mathieu Merle devient le régisseur de la forteresse et de là il va pouvoir venger son seigneur et terroriser le comté. (1562 rançon sur Mende assiégée, 1570 il occupe le château d’Allenc qui est assiégé puis repris par le seigneur de Randon, 1579 destruction de Mende, 1580 destruction d’Allenc)

Pour fidélité rendue à la Ligue, la seigneurie d’Allenc prit le titre de baronnie et obtint  son droit d’entrée aux états généraux du Languedoc. 1583.

En attendant, l’église est anéantie.

 

L’église au XVII siècle

La Reconstruction :

Elle s’amorce mais est très hasardeuse et comporte des malfaçons dangereuses.

1607- 1610: le mur sud est remonté avec un dénivelé inférieur de 50cm par rapport au mur nord. La voute menace de s’effondrer.

N’ayant plus de cure, le curé d’Allenc de 1626 à 1661, Antoine Richard,  habite au Mas Renouard (dans la moitié de la maison Arzalier qu’il fit rebâtir , sur la porte d’entrée on lit«dominus domum hanc benedictione A.Richard parocho 1628», que le Seigneur remplisse cette maison de ses bénédictions) . Son neveu et successeur de 1664 à 1700 , un autre Antoine Richard, fit de même. ( AB.Remize)

Pourquoi si peu de moyens?

La Guerre de religion a laissé des traces terribles  dans la mémoire des habitants qui ont vu leur église détruite. La motivation et la ferveur religieuse sont entamées. La population est un peu lassée et montre sa désaffection au projet de reconstruction.

Ce ne sont pas les travaux qui priment mais bien le retour à l’unité et les efforts pour faire oublier tous les fanatismes. La Réforme catholique est en route.

En même temps, l’ordre du clergé défend âprement son indépendance fiscale face aux besoins énormes du Trésor Royal qui doit financer les guerres menées contre l’Autriche et l’Espagne. Mais il perd peu à peu du terrain et les subsides sont consacrés au plus pressé.

La réforme touche essentiellement le caritatif.

Création des congrégations sous l’impulsion de St Vincent de Paul et de Bérulle.

En cas de mauvaises récoltes, le chapitre de Mende accepte de réduire les redevances et donne une aumône au curé pour aider les pauvres et les malades de la paroisse. Sur un document sans date mais du XVII s, on dénombrait sur la paroisse d’Allenc 245 très pauvres et 236 à aider temporairement. (Archives dép.)

Et l’enseignement : Le développement général de l’enseignement religieux:

Les collèges jésuites assurent l’enseignement secondaire et supérieur, création du grand  séminaire.

Salle se démène pour faire admettre la nécessité des petites écoles. Les Ursulines prennent en charge l’éducation des filles.

Conformément à l’ordonnance de l’évêque, on assiste à la nomination d’un écolâtre pour une école primaire à Allenc en 1684.

Les protestants se montrent fidèle aux rois et à ses ministres ou régent; louis XIII, Richelieu, Mazarin puis Louis XIV. Les catholiques, bien soutenus  par l’absolutisme du pouvoir, font preuve d’une recherche d’authenticité et de retour aux fondements de la foi par des œuvres de charité et par l’éducation du peuple.

Le catholicisme se vit encore à cette époque et pour peu de temps comme religion d’état, défendue et protégée par  le roi dans le système gallican.

 

XVIII siècle

Les travaux:

    • 1709: reconstruction de la façade et adjonction d’une cure entre les deux contreforts sud là où il n’y a pas de fenêtre en plein cintre.
    • Arrêt des travaux pendant la peste.
    • 1721: Jean Rocheton peint les fresques des 4 évangélistes autour du Christ en gloire: le lion ailé de Marc, le livre  et l’homme ailé de Matthieu contemporain de Jésus, l’aigle de Jean et le taureau de Luc.
    • 1729: effondrement de la cure
    • 1776: remplacement de la cure par le bâtiment actuel. ( date sur la porte d’entrée.)
    • 1777: construction de la sacristie.
    • La population n’entend plus se mêler des travaux et attend de l’évêché la collecte des fonds pour la consolidation de l’ensemble.

Le pillage de l’église et la destruction des cloches du mur clocher.

La Révolution est là. Tel un cyclone elle bouleverse complètement les mœurs et les mentalités et divise à nouveau profondément le pays.

Le village semble d’abord adhérer à la dynamique révolutionnaire. Il souffrait du système féodal resté en vigueur et des seigneurs gourmands, comme l’état aussi...La pression fiscale est à son comble et les récoltes mauvaises. Des nobles, des bourgeois mais aussi des prêtres, proches des difficultés quotidiennes de la population et ouverts aux Lumières, dénoncent le pouvoir politique et les privilèges de l’évêque du Gévaudan. Dans l’ensemble, le Gévaudan porte aux Etats Généraux de 1789 des représentants modérés, protestants ou catholiques.

Dès après le 14 juillet, la Grande Peur terrifie les populations .La tension monte.

Puis les choses se dégradent à la mise en place de la Constitution Civile du Clergé. Grave erreur stratégique pour notre pays devenu département de la  Lozère. Éloignés, les idéaux et le souffle révolutionnaire des parisiens n’évaluent pas l’erreur de précipitation de cette réforme. 

La dynamique révolutionnaire fait place au retour de la dynamique des guerres de religion encore vivantes dans les mémoires. Seulement 6% des prêtres prêtent serment. La mobilisation populaire dans les terres catholiques du Nord de la Lozère fait bloc autour des réfractaires.

La défense de l’église recoupe celle des intérêts familiaux, nombreux sont les prêtres et les religieuses issus du pays .Aussi, lorsque les autorités décident d’imposer par la force la Constitution Civile , cela met le feu aux poudres: c’est l’épopée de l’Armée Chrétienne du Midi  avec Antoine Charrier et le comte de Saillant en mai 1792 largement complice de l’étranger par le biais du comte d’Artois exilé.

Mais la république réagit rapidement et  fait revenir l’ordre sans ménagement. La Convention impose une levée de 300 000 hommes pour combattre la réaction et la coalition européenne contre la république. et le Comité de Salut Public prescrit contre les édifices la récupération des métaux.

(Annales, Valérie Sottocaso juin 2009)

L’église est pillée de son argenterie, Les cloches ont disparue… fondues pour les canons de l’armée révolutionnaire ou soit disant cachées dans le lit de la rivière?

Le 6 juin 1794, Allenc, devenu un des 8 cantons du district de Mende, lève une garde nationale,  soit 300 gardes pour conjurer les troubles. C’est dire le niveau de tension qui y règne encore. Jean Peytavin, cultivateur et maire d’Allenc, fera partie du Comité de surveillance du district. Il défendra le curé, Augustin VIDAL qu’il fit sortir de prison. Ce dernier fut à nouveau enfermé et les femmes d’Allenc se mobilisèrent à nouveau pour sa remise en liberté. (Abbé Remise)

Eglise du XIX à aujourd’hui

La reconstruction

    • 1828: une fenêtre est ouverte côté nord
    • 1847: construction de la vicairie.
    • Le père RODIER fit refermer la lézarde de la voute et blanchir toute l’église. Les fresques sont masquées.
    • 1857-1858: reconstruction du mur clocher et de sa tourelle.
    • La cure d’Allenc fut érigée en doyenné ( le 21/12/1851: Bagnols, Belvezet, Chadenet, Chasserades, St Frézal d’Albuges, Ste Hélène, Laubert et Pelouse).
    • 1884: rehaussement du presbytère

 

D’où vient ce renouveau?

 

Napoléon, par le Concordat du 15 juillet 1801, restaure la paix entre l’église catholique et l’état.  L’église appartient désormais à la commune,  le clergé n’a plus de privilèges ni de biens propres, le catholicisme n’est plus religion d’état. L’église reste régie par un strict gallicanisme mais la liberté de culte est retrouvée.

Le premier tiers du XIX s. offre le spectacle édifiant d’un renouveau de sainteté. Les dix années de persécution ont ranimé une flamme ardente.( Curé d’Ars) La générosité des fidèles  permet de recentrer l’assemblée catholique autour de son clocher et de son église qu’il faut sécuriser et rendre agréable.

Lors de la Restauration, Louis XVIII, en 1814 par la Charte, redonne au catholicisme une position dominante. Charles X et Louis Philippe accentuent encore cette reprise en main par la loi Guizot et au Second Empire par la loi Falloux.

 

Les restaurations  au XX S.

 

    • 1973 à 1987: assainissement intérieur: 35 cm de terre enlevée, dalles déposées et numérotées puis replacées sur un lit de sable et de cailloutis pour combattre l’humidité.
    • Exhumation des ossements des chapelles et inhumation sous les dalles au nord et au sud.
    • Les paroissiens décrépissent les murs, sauf la voute. Recrépissage général.
    • Réfection des fresques de la voute.
    • Remise en place de la pierre d’autel et du fond baptismal.
    • Chauffage et électricité, mise en place des bancs.
    • Réfection des statues en bois.
    • Stèle à la mémoire des morts des deux guerres.

La vie dans notre église aujourd’hui.

Depuis Napoléon III et sous les différentes républiques, alors que la laïcité donne  toute latitude à la liberté de culte, on assiste à une déchristianisation physique générale des lieux de culte.

L’expression artistique actuelle reflète un tout autre monde que celui où régnait pendant des siècles en France et en Europe une religion étroitement liée à l’état.

Le bâtiment est inscrit au patrimoine des monuments historiques et sa visite est essentiellement touristique. Maintenu comme lieu de culte, des bénévoles  ouvrent les portes régulièrement aux touristes et aux fidèles qui le souhaitent.

 

 

Vous pouvez télécharger le guide de visite de l'Eglise St Pierre d'Allenc (seule la mise en forme différencie les deux versions)